Technologies quantiques : un nouveau terrain de jeu pour les grandes puissances économiques
Le développement des technologies quantiques (englobant l'informatique, les communications et les capteurs quantiques) est en passe de révolutionner tant la science que l'avenir de nombreux secteurs industriels, parmi lesquels l'aérospatial, la santé, l'industrie pharmaceutique, la chimie, la finance et l'énergie. Ces avancées reposent sur les principes fondamentaux de la physique quantique, qui régit le comportement des électrons, des atomes, des molécules et des cristaux. L'essor de la physique quantique au cours de la première moitié du XXe siècle a permis l'émergence des composants essentiels aux technologies de l'information et de la communication, tels que les transistors, les lasers et les circuits informatiques. Aujourd'hui, les technologies quantiques constituent une nouvelle génération de dispositifs optiques et électroniques exploitant des phénomènes quantiques afin d'améliorer de manière significative les performances des technologies classiques.
On assiste ainsi à une véritable « deuxième révolution quantique ». À l'instar de l'intelligence artificielle, ces technologies suscitent une compétition acharnée entre les grandes puissances économiques, en particulier la Chine et les États-Unis, en raison des avantages stratégiques qu'elles confèrent dans les domaines économique, militaire et scientifique. L'informatique quantique illustre bien cette rivalité. En 2019, la société américaine Google annonçait avoir atteint la « suprématie quantique » avec Sycamore, alors considéré comme l'ordinateur quantique le plus puissant au monde. L'année suivante, la Chine ripostait en dévoilant Jiuzhang, un ordinateur annoncé comme dix milliards de fois plus rapide que Sycamore.
Dans ce contexte, cet entretien avec Olivier Ezratty, ingénieur et auteur spécialisé dans les technologies quantiques, réalisé par Audrey Crévolin, analyste à l'Institut d'études de géopolitique appliquée, vise à éclairer les enjeux de ces innovations et à analyser leur impact sur les rapports de force entre les grandes puissances économiques.
